Nantes : un samedi de manif sous tension, 35 interpellations

Samedi, Nantes a été le théâtre d'un rassemblement d'ampleur nationale dans le cadre de la 44e journée d'action des Gilets Jaunes. Près de 2 000 manifestants ont défilé vers le centre-ville, en partie interdit à tout rassemblement. 35 personnes ont été interpellées.

Près de 2 000 personnes ont défilé samedi après-midi à Nantes, selon la police. Des heurts ont éclaté et ont fait plusieurs blessés.

Les manifestants, dont très peu arboraient le gilet fluorescent, sont partis de la place Mellinet, l'ouest cossu de la ville, pour rejoindre le centre, où la situation a dégénéré en milieu d'après-midi. Des jets de projectiles à destination des policiers ont entraîné leur réponse par des grenades lacrymogènes.

Le dispositif policier était particulièrement imposant, avec plusieurs véhicules blindés positionnés dans le centre.
 

Le déroulé de la journée

200 à 300 personnes s'étaient donné rendez-vous pour un pique-nique dès midi place Delorme. Le cortège s'est élancé dès 14 heures vers le centre-ville. 

Le cortège est allé grossissant, environ 2 000 personnes, une fois arrivé dans le centre. Les premiers tirs de lacrymo ont eu lieu à hauteur de la place du Commerce vers 14h30. "Tout le monde déteste la police" ou encore "Justice pour Steve", scande alors une partie des manifestants.

Le cortège a ensuite pris la direction du château, le long de la ligne 1 du tram. Sur son passage, des vitrines de commerces ainsi que des abribus ont été la cible de casseurs.

La tension est remontée d'un cran lorsque les forces de l'ordre ont été la cible de cocktail molotov aux abords de la rue de Strasbourg.

Le cortège a ensuite pris la direction du cours des 50 Otages où les forces de l'ordre ont abondamment tiré des gaz lacrymo ainsi que dans le périmètre du carré Feydeau.

A 15h30 le cortège se trouvait de nouveau à la croisée des trams, les forces de l'ordre positionnées dans le bas du cours des 50 Otages barrant son accès.

Les manifestants ont été repoussés place du Commerce, à son tour noyée sous les lacrymos. En milieu d'après-midi, le cortège a été scindé en plusieurs groupes.

La tension est un moment retombée mais vers 17h20, la place du Commerce a, de nouveau, était la cible de nombreux tirs de lacrymos.

Peu avant 19 heures, la place du Commerce faisait de nouveau l'objet de tirs de lacrymo pour tenter de disperser les derniers manifestants.

La préfecture a annoncé 35 interpellations depuis le début de la journée. Deux gendarmes et trois policiers ont été blessés, précise la police nantaise sur son compte Twitter.

L'agent en charge de la sécurité de l'une de nos équipes de reportage a été interpellé dès le milieu de matinée place Mellinet, sous couvert qu'il "manifestait sur la voie publique". Il a été conduit au commissariat central de Nantes et n'a été relâché qu'en fin d'après-midi.

"Ils sont venus vers nous avec un air agressif, insinuant que le brassard presse de mon caméraman était faux", explique Céline Dupeyrat, notre journaliste sur place.

Notre seconde équipe de reportage s'est vue confisquer ses masques de protection contre les lacrymos au cours de la manifestation.


Cocktails molotov et mortiers

Des contrôles préventifs ont été effectués dès la matinée par la police. 18 personnes ont été interpellées à cette occasion. 22 cocktails molotov ont été découverts dans une poubelle rue Copernic, proche de la place Delorme. Rue de Gigant, les policiers ont également mis la main sur 10 mortiers et ont saisi une centaine de parapluies et un extincteur.

Pour cet acte 44 du mouvement des Gilets Jaunes, c'est symboliquement Nantes qui a été choisi pour être l'épicentre du rassemblement, à plusieurs titres.
 

"Contre le pouvoir en place, manifestation"

Dans le centre-ville et sur  les réseaux sociaux, des affiches "Contre le pouvoir en place, manifestation", ornées d'un homard rouge vif, référence aux dîners qui avaient déclenché la tourmente en juillet avec François de Rugy. Celui-ci a démissionné du ministère de la Transition écologique et retrouvé son siège de député de Loire-Atlantique, qu'il occupe depuis 2007. Sur internet, les appels à manifester font également référence à Steve Maia Caniço, le jeune homme disparu à Nantes le soir de la Fête de la musique, au moment d'une intervention policière controversée en bord de Loire.

Ce vendredi, Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, s'est exprimé suite à la publication du rapport de l'IGA.

Christophe Castaner a estimé que, lors de l'intervention policière, il y a eu un "manque de discernement de la part de l'officier de police en charge de l'opération".

Parmi ses décisions à "effet immédiat", il a annoncé la mutation du commissaire divisionnaire Chassaing, précisant qu'il "ne pourra plus exercer ses fonctions et sera muté dans l'intérêt du service sur un emploi sans responsabilité de maintien de l'ordre, dans l'attente des conclusions de l'enquête".


Une partie du centre-ville interdite à toute manifestation

Ce samedi, les manifestants se sont donné rendez-vous dès 12 heures ce samedi place Mellinet, pour un pique-nique. Ils ont ensuite prévu de se diriger vers la place Delorme.

La préfecture a pris des mesures interdisant une partie du centre-ville à toute manifestation.
Les lignes de bus et trams passant par le centre-ville sont coupées de 13 heures à 20 heures.

La Semitan, qui gère les transports publics à Nantes, prend des dispositions en conséquence sur ses lignes du centre. Des "terminus provisoires" sont mis en place afin de conduire les voyageurs "au plus près du centre-ville".

Les lignes impactées ("sous réserve de l'ampleur de la manifestation", précise la Semitan)

  • Ligne 1 du tram : coupée entre Médiathèque et Duchesse-Anne (Jamet non desservi)
  • Ligne 2 du tram : terminus à 50 Otages
  • Ligne 3 du tram : coupée entre Bretagne et Hôtel Dieu
  • Ligne 4 du busway : pas de coupure prévue sauf, si nécessaire, terminus Cité des Congrès, rue de Jemmapes, sur le côté du CIC
  • Ligne chronobus C1 : coupée entre Copernic et Foch cathédrale (ou Chanzy)
  • Ligne chronobus C2 : terminus à Talensac
  • Ligne chronobus C3 : coupée entre Copernic et gare SNCF sud
  • Ligne chronobus C6 : coupée entre Delorme et Foch cathédrale (ou Lallié)
  • Ligne de bus 11 : coupée entre Copernic et Foch cathédrale
  • Ligne de bus 12 : coupée entre Talensac et Foch cathédrale
  • Ligne de bus 23 : coupée entre Copernic et Talensac
  • Ligne de bus 26 : coupée entre Gaston Veil et Delorme
  • Ligne de bus 54 : terminus à Delorme
  • Navette aéroport : terminus à gare SNCF sud
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